Si les liens ci-dessous ne
fonctionnent pas faite un copie-collé dans votre navigateur
http://archives.tsr.ch/player/terroir-peche
Dans la première séquence, il y amon
grand-père Marcel Delley avec son légendaire chapeau.
Ce magnifique reportage sur les joies et
les peines des pêcheurs du lac de Neuchâtel constitue un important
témoignage sur une profession qui a subi de profondes mutations jusqu'à
nos jours. C'est ainsi que l'on peut observer les conditions de vie des
pêcheurs, ainsi que des activités liées à ce métier comme le fumage des
bondelles ou la pisciculture.
Cela fait chaud au coeur de revoir ces
pêcheurs dont mon grand-père. Je suis pêcheur moi aussi. Je retrouve
dans leurs propos, les mêmes inquiétudes, soucis, et joie de faire ce
dur et beau métier que je pratique depuis 1980 (3ème génération).
http://www.eau21.ch/PecheNeuch.htm
Programme Eau 21
TONEL PACIFICO
Passion de la pêche
sur la rive sud du lac de Neuchâtel.....
balade_en_caleche.pdf
article
Terre et Nature sur les calèches nature et saveurs....
le_lac_10.08.pdf
Journal le Lac un article me concernant en page 8...
http://www.lagruyere.ch/fr/le-journal/les-editions/2007/20070830/magazine-20070830.html
http://www.grande-caricaie.ch/spip/spip.php?rubrique118
Produits du terroir
Plusieurs pêcheurs et agriculteurs de la rive ont mis en
place des petites structures de vente de leurs produits.
Une belle opportunité de les rencontrer et de se
procurer de magnifiques produits...
http://www.pecherie.ch/Articles/Terre/TerreEtNature.htm
31
Mars 2005 - LACS ROMANDS Du
poisson autrement
J.-P. Mac/M.D./A.D.
Le
brochet est le préféré de Henri-Daniel Champier. Claude Delley fume
secrètement la bondelle. Pierre Schaer tient les vengerons en grande
estime. Embarquement immédiat avec trois pêcheurs, à la conquête
d’autres délices de nos lacs que la perche...
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Place de
Cornavin 3
Case postale 2570
1211 Genève 2
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tel:
+41(0)22
799.58.58
fax:
+41(0)22
799.58.59
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Du petit bonheur de
la pêche aux aurores
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Pêcheur professionnel à Portalban, Claude
Delley emmène chaque jour un ou plusieurs
passagers partager sa passion sur le lac de
Neuchâtel. L'occasion de rencontrer de plus
près perches, bondelles et brochets.
Anouch Seydtaghia
Samedi 19 juillet 2003
Quatre heures dix. La lune a beau être pleine,
il fait sombre sur ce petit chemin de terre qui
serpente dans le sous-bois. Soudain, une petite
baraque de pêcheur surgit dans la nuit. La
lumière s'allume, et un solide gaillard de deux
mètres apparaît. «Ah, mais vous êtes même en
avance!» Poignée de main ferme, sourire franc,
Claude Delley a le don de réchauffer
immédiatement son visiteur rafraîchi par la
légère brise matinale. Perdu au milieu des
roseaux de la Grande Cariçaie, à Portalban, le
minuscule port où est basé le pêcheur ne compte
que trois cabanons. Claude Delley pénètre dans
le plus grand, décroche une poignée de filets,
puis retire un cageot rempli de glace de la
chambre froide. Le temps d'ajuster un grand
tablier jaune, nous voilà à bord du Zouzou, son
bateau de neuf mètres.
Quelques manœuvres rapides dans le port, et
l'embarcation file vers le nord du lac de
Neuchâtel en direction de Chabrey. Il est 4 h
45, et le ciel commence déjà à rosir. La
première partie de la pêche, Claude Delley la
consacrera à la perche. «Elles devraient être en
train de remonter le courant. Je vais tenter ma
chance!» La chance, il en aura besoin. Alors que
les bondelles foisonnent, les perches, qui se
vendent deux fois plus cher (plus de 40 francs
le kilo de filet), se font rares cette année.
«Les gens sont prêts à payer n'importe quoi pour
en manger, ils ne s'intéressent pas aux autres
poissons.» Claude Delley déploie rapidement, à
quelques centaines de mètres les uns des autres,
huit filets semblables à de très longs rideaux.
Suivie par une mouette intriguée, son
embarcation slalome doucement entre quelques
bateaux de plaisance assoupis. «Il faudra
absolument que je relève mes filets avant 9
heures, sinon ils risquent de me les déchirer.»
Alors qu'un extraordinaire lever de soleil
embrase l'horizon, le bateau file vers le sud où
l'on part relever quatre filets à bondelles
immergés en eau profonde. Un à un, Claude Delley
arrache aux mailles les poissons qui frétillent.
Des bondelles pour la plupart, mais aussi des
intrus, tel ce petit brochet ou cette poignée de
vengerons, rendus au lac. Remis à l'eau, les
filets auront permis de remplir deux cageots
entiers, immédiatement recouverts de glace.
Il est 6 heures, Claude Delley retourne au port
pour déposer ses premières prises en chambre
froide et embarquer une nouvelle recrue. A 10
ans, son fils Cyrille sait exactement ce qu'il
veut faire: «Pêcheur!» Il sera le quatrième de
la lignée, mais son père lui imposera
«d'apprendre un autre métier». Le soleil est
déjà haut dans le ciel, il est temps de relever
les filets à perches mis à l'eau il y a trois
heures. Si Claude Delley fronce les sourcils en
inspectant les deux premiers, son sourire
reviendra au troisième, dans lequel s'agitent
des dizaines de poissons. «Regardez, c'est une
grand-mère de 5 ou 6 ans, elle a déjà eu des
petits-fils», affirme le pêcheur en montrant une
perche au gabarit imposant. Avec ce lac très
calme, relever les filets est aisé. Par contre,
le démaillage requiert des doigts de fée et une
solide expérience, sous peine de passer de
longues minutes à extraire un malheureux poisson
de son piège. Fort de plusieurs mois
d'expérience, Cyrille commence à bien se
débrouiller.
De retour au port, une fois 15 kilos de perches
et les 40 kilos de bondelles déchargés, Claude
Delley s'occupera de fumer lui-même les
bondelles pêchées la veille. Son poisson, il le
vendra à des restaurants, mais aussi le samedi
au marché de Neuchâtel. Cet après-midi, il
préparera les poissons, assemblera quelques
filets et effectuera quelques réparations. «J'ai
la pêche dans le sang. Que je pêche 20 ou 100
kilos de poissons, je suis tout autant heureux.
Et mes vacances, je les passe sur le lac!»
La matinée de pêche, qui débute
avant l'aube, est gratuite. Réserver
à l'avance au 079/634 70 30, ou sur
www.delley.ch
Pour s'y rendre: sortir de
l'autoroute à Avenches, prendre la
direction de Cudrefin. Arrivé à la
bifurcation de Villars-le-Grand,
prendre la direction de Saint-Aubin
sur la gauche. Au giratoire du
centre du village, monter en
direction de Delley sur la droite.
Arrivé à Delley tourner à droite au
giratoire en direction de Portalban.
Prendre la direction du port, entrer
dans un parc, continuer tout droit.
Tourner au giratoire à droite,
continuer sur une centaine de mètres
puis tourner à gauche. C'est la
première baraque en arrivant.
© Le Temps, 2003 .
Droits de reproduction
et de diffusion
réservés.
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L'Express
Jeudi 3 Août 2000
Photos et Texte Hélène Koch
Pêche Départ
très matinal pour traquer perches et bondelles
Pêcheur professionnel sur le lac de
Neuchâtel, Claude Delley part très tôt. Récit d'une matinée de pêche commencée
au clair de lune.
Départ au claire de lune pour capturer
perches et bondelles
Pour Claude Delley, les journées commencent
bien avant l'aube. Habitant à Portalban, il fait partie de la quarantaine de
pêcheurs professionnels du lac de Neuchâtel. C'est en été qu'il travail le plus,
la belle saison étant celle de la pêche commerciale. Récit d'une matinée de
pêche commencée au clair de lune.
Il est quatre heures du matin
lorsque l'embarcation de pêche quitte Portalban. Le clair de lune est
magnifique, mais pour capturer la bondelle, c'est plutôt mauvais. "Les
poissons voient les filets", explique Claude Delley, pêcheur professionnel.
Il commence par immerger quatre filets à perches au large du village avant de
traverser le lac pour aller relever les nasses et les six filets déjà posés du
côté de Neuchâtel.
Le bateau est équipé d'un radar
qui lui permet de voir les bateaux de plaisance. "Moi, je ne risque pas
grand-chose, c'est plutôt eux". L'embarcation est aussi munie d'un sonar
indiquant la profondeur, un simple plus pour Claude Delley. Avec son père et son
grand-père, il a appris à s'orienter d'après les nombreuses lumières autour du
lac et sait à quels endroits tendre ses filets.
Reste que la pêche n'est pas une
science exacte et l'on ne sait jamais la quantité de poissons que l'on va
remonter. Arrivé au large de la ville endormie, Claude Delley commence par
relever les nasses. La première émerge des eaux noires, révélant une
quinzaine de perches qui paraissent bien perdues dans la vaste cage. la seconde
nasse ne contient rien. Au final, la pêche est maigre, alors qu'une bonne
quantité de poissons frétillent dans les filets.
Il fait encore nuit lorsque Claude Delley
remonte ses nasses à perches. Celles-ci sont presque vides.
Tandis que le jours se lève peu
à peu, Claude Delley remet le cap sur Portalban. pendant le trajet, il profite
de démailler, c'est à dire d'extraire le maximum de perche du filet. Le port des
gants est obligatoire pour ce travail, les perches ayant une nageoire dorsale
coupante.
Au large de Portalban il relève
quatre filets à bondelles. Avec une vingtaine de kilos, la pêche est
effectivement médiocre. Il y en aurait probablement eu davantage sans la lune.
Le pêcheur fait ensuite une brève escale à Portalban pour décharger les poissons
afin qu'ils soien6t déjà préparés. Ce sera tout ça de gagné au niveau temps.
Son fils de huit ans est là,
encore un peu ensommeillé mais fin prêt pour embarquer. Il est tout juste 8h
lorsque le bateau repart, pour relever les quatre derniers filets à perches
posés au début. Il est temps, car les plus matinaux des bateaux de plaisance
commencent à naviguer, ce qui peut mettre en danger les filets.
Au total la pêche est bonne,
avec 40 kilos de perches et 20 kilos de bondelles, mais la journée est loin
d'être terminée. Après un petit déjeuner en famille commence le travail le plus
long, la préparation de la pêche, les écailler et enfin les tailler, autrement
dit, transformer le bête en filets. Tous ces travaux occuperont Claude Delley,
sa femme et sa mère jusqu'à six heures du soir, avec juste une pause pour
manger. Autant dire que le pêcheur dort très peu à la belle saison."Une pêche
comme ça tous les jours, ce serait excellent, sauf qu'on ne tiendrait pas ce
rythme tout l'été".
Les filets, en revanche, ramènent
beaucoup de perches et, l'un dans l'autre, la pêche est bonne.
Pêche sur internet
"Quand
j'avais huit ou neuf an, j'ai piqué un filet à mon père et suis allé le tendre
près des roseau avec un copain", se souvient Claude Delley, devenu pêcheur
comme son père et son grand-père. L'aventure s'était terminée en queue de
poisson, avec un filet complètement déchiré et ne belle colère du père.
Passionné par son métier Claude
Delley à créé un site internet sur la pêche dans le lac de Neuchâtel (
www.delley.ch)
(cldelley@bluewin.ch) et emmène
volontiers des gens sur son bateau pour une matinée de pêche.
Les règles varient au fils des jours
A certains égards, le règlement
de la pêche professionnel sur le lac de Neuchâtel est presque aussi changeant
que la météo. Ces jours par exemple, les pêcheurs peuvent tendrent leurs filets
jusqu'à 15m de profondeur pour attraper les perches. Il y a un peut plus d'une
semaine, ils pouvaient aller jusqu'à 10 m seulement.
Les adaptations se font ainsi
avec rapidité, notamment en fonction des températures, qui incitent le
poisson à se rapprocher plus ou moins de la surface. Les règles de base, en
revanche, ne restent stables, comme le nombres maximum de nasses et de filets
que chaque pêcheur peut avoir au lac pour la capture des perches, à savoir dix
de chaque.
Reste une idée de Pro natura qui
préoccupe Claude Delley, pêcheur professionnel:" Ils voudraient imposer un
règlement obligeant à tuer les poissons au fur et à mesure qu'on les sort. ça
nous prendrait des heures". Assommer une à une les dizaines et les dizaines
de perches sorties par un filet prendrait de fait un temps énorme. Actuellement,
ils sont 42 pêcheurs professionnels à poser leurs filets dans le lac de
Neuchâtel, contre plus d'une centaine à une certaine époques. Mais les deux
chiffres sont difficilement comparables. Avant il s'agissait plutôt d'une
activité saisonnière, de gens qui avaient une ferme à côté par exemple,
alors que les pêcheurs actuels sont sur le lac toute l'année. A la belle saison,
c'est la pêche commerciale qui les occupe, tandis que les mois d'hiver sont
consacrés à la capture de reproducteurs pour la pisciculture.
Prospérité en eaux troubles
Les lacs le moins pollués ne
sont pas forcément les plus poissonneux."Dans les années 80, la pêche était
très bonne car le lac était très sale", explique Arthur Fiechter, inspecteur
cantonal de la faune. Une eau pleine de phosphates provoque l'apparition d'un
plancton surabondant, où les poissons trouvent davantage à manger.
"On a eu une année record en
1985. On sortait cent kilos de perches par jours", se souvient Claude Delley,
pêcheur depuis 20 ans. Durant la décennie suivante, il a vu fondre tout l'argent
qu'il avait mis de côté, au fils des années de mauvaise pêche.
A présent, la situation est de
nouveau bonne. " C'est la meilleure années depuis 1991", se réjouit le
pêcheur. Les conditions météo y sont pour beaucoup, avec un hiver froid qui a
bien nettoyé les algues qui lestaient et déchiraient les filets, suivi d'un
printemps doux qui a vu les poissons proliférer. A cela il faut ajouter le
succès des programmes de repeuplement menés par la pisciculture.
En fait la situation s'est
améliorée en 1999 déjà. Avec 135 tonnes de bondelles sorties du lac, la pêche
était très en dessus de la moyenne annuelle, qui est de 104 tonnes. Avec
seulement 63 tonnes de perches, en revanche, la pêche est nettement en dessous
de la moyenne, soit 73 tonnes. Or. s'est une situation inverse que préfèrent les
pêcheurs, car palées et bondelles sont un peu dédaignées par le consommateur,
contrairement au perches.
Le retour de l'abondance cache
une différence: dans un lac désormais plus propre, la croissance des poissons
est moins rapide. Au bout d'un an, les jeunes perches ont la taille d'un doigt,
alors qu'à la grande époque des phosphates, elles atteignaient déjà une
quinzaine de centimètres de long, c'est-à-dire une taille commercialisable.
HEK
http://www.largeur.com/?p=2409
L’arnaque est dans la
perche
Grand classique des
terrasses estivales,
le filet de perche
s’est imposé comme
un plat national
suisse. Certains
restaurateurs en
profitent pour
maximiser les marges
en servant du
poisson importé hors
de prix, gras et
sans saveur.
Feriez-vous une
fondue avec du Gouda
dans un alpage valaisan?
Ce qui paraît une
aberration l’hiver, ne
semble plus gêner
quiconque l’été venu.
Spécialité bien de chez
nous, le filet de perche
n’a plus guère que son
prix d’helvétique.
Selon les estimations
de Claude Delley,
pêcheur à Portalban
(NE), nous mangeons en
réalité à peine plus de
3% de perches romandes
dans nos restaurants. La
faute au succès qui ne
se dément pas pour le
poisson tigré. Les
petites quantités que
les pêcheurs prennent
chaque semaine dans
leurs filets ne
suffisent pas à honorer
l’appétit pour ce plat
traditionnel. Au
meilleur de l’année,
c’est-à-dire en
juin-juillet juste après
la fraie, un pêcheur du
Léman peut tirer jusqu’à
100 kilos de perches
entières du lac. Juste
de quoi alimenter deux
soirs de suite une
auberge du bord du lac
qui sert le petit
poisson à la chaîne.
«Quand il fait beau,
nous faisons une
centaine de couverts par
jour», estime Pierre
Bourloud, patron de la
buvette de la plage de
Perroy (VD). Même si sa
carte mentionne aussi
des filets suisses, le
restaurateur opte donc
pour des filets frais ou
surgelés en provenance
d’Europe de l’Est et de
Finlande. Comme dans de
nombreux restaurants de
plage, l’assiette est
facturée 36 francs bien
sonnés, avec frites,
sauce tartare et buffet
de salade.
«Les prix de la
perche fraîche de l’Est
fluctuent entre 28 et 42
francs le kilo selon les
lois de l’offre et de la
demande, explique
Dominique Lucas, patron
de Lucas Poissons à
Carouge. Mais on trouve
sur le marché du congelé
à 15 francs.» Soit
quatre fois moins cher
que la perche lémanique,
qui se négocie entre 50
et 60 francs le kilo.
Certains restaurateurs
ont donc trouvé un moyen
facile de maximiser les
marges: facturer au prix
de la perche suisse une
assiette qui compte
généralement 180 grammes
de filets estoniens
(soit l’équivalent de
2,70 francs de
poissons).
Car si, au
restaurant, la perche du
Léman reste rare, elle
existe et n’est pas
forcément vendue plus
chère: l’assiette est à
36 francs au Casanova
dans la rade de Genève,
ou à 39 francs au
Gabrien de Carouge. Mais
certains restaurants ne
se privent pas
d’augmenter encore
considérablement leur
marge en proposant une
assiette de filets
importés à plus de
quarante francs comme au
Bistropôle ou au
restaurant de l’Hôtel
d’Angleterre. «Une
assiette de filets
importés à plus de 30
francs, c’est du vol, il
n’y a pas d’autre mot»,
s’insurge un
restaurateur genevois
choqué par ces
pratiques.
Pour mieux refiler
leur marchandise
importée, certains
restaurants mentent par
omission, l’appellation
«poisson du lac» sur
leur carte renvoyant
parfois à des plans
d’eau forts éloignés…
Une pratique que les
inspecteurs de la sûreté
alimentaire bannissent
par des amendes: «Ils
interviennent sur les
terrasses du bord du
lac. Dans les terres,
l’appellation est
tolérée», explique
l’attachée de presse de
Gastrosuisse. Au
contraire de la viande,
l’indication de la
provenance du poisson
n’est pas exigée. «Les
gens achètent une
atmosphère: l’été, la
terrasse, le filet de
perche et 3dl d’un
mauvais chasselas»,
ironise le critique
gastronomique genevois
Jean-Luc Ingold qui n’en
mange presque plus
depuis longtemps.
Qu’importe la provenance
donc, pourvu qu’on ait
l’ambiance.
Et pas facile de
déceler une origine au
goût. Même les
spécialistes hésitent
souvent à se prononcer,
bien que de petites
différences existent:
«La perche, un poisson
peu typé, prend le goût
de l’eau dans laquelle
elle vit. Dans les flots
saumâtres du Nord, elle
peut avoir une saveur ‘crevettée’»,
note Claude Delley.
C’est surtout par la
fraîcheur que le poisson
suisse se distingue: «Le
poisson pêché
aujourd’hui est taillé
le lendemain et mangé le
surlendemain.» Mais,
depuis vingt ans que la
perche importée inonde
le marché suisse, la
clientèle s’est habituée
au goût du poisson
étranger. Elle aurait
même tendance à préférer
la perche russe, car
plus petite que sa
congénère helvétique qui
prospère gaiement dans
l’eau claire. De manière
générale, on attribue
justement le succès de
l’animal à sa chair peu
aromatique. Au contraire
d’autres poissons
lacustre comme la féra
et l’omble chevalier,
elle plaît à des gens
qui n’apprécient pas
foncièrement le poisson.
«C’est le goût de
friture et du beurre qui
séduit le mangeur de
perches, pas le goût du
poisson», résume un
cuisinier genevois avec
un brin de provocation.
Suisse ou étranger,
le filet de perche n’est
d’ailleurs pas
recommandé pour ses
valeurs nutritives. La
diététicienne Claire
Monai, de Belmont-sur-Lausanne
le résume en une
formule: «C’est
l’équivalent d’un Big
Mac».
«En tant que tel, le
poisson n’est pas
mauvais, poursuit-elle.
Mais la technique de
cuisson dans un bain de
friture ou à la meunière
l’alourdit terriblement.
L’huile peut aussi subir
une altération si la
friture s’effectue à
trop haute température.
Servi avec des frites et
une sauce tartare: c’est
la totale.» La teneur
inconnue en métaux
lourds des poissons des
pays de l’Est inquiète
également la
diététicienne.
Quoi qu’il en soit,
les pieds en éventail
sur les plages romandes,
les clients ne se posent
pas trop ce genre de
questions avant de gober
les petits poissons
huileux. Voilà qui
n’excuse cependant pas
les restaurateurs de
leur faire avaler
n’importe quoi. Comme
dit le critique Jean-Luc
Ingold, «l’honnêteté
voudrait qu’ils
inscrivent ‘Filets de
perche congelés de
Pologne’ sur la carte.»
Même si c’est moins
vendeur.
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Texte et photos tirés du
journal d'Estavayer, du vendredi 11 septembre 1998
Journaliste:
Béatrice Schulé
Portalban
Claude Delley et le métier de pêcheur: une histoire d'amour!
Nous avons quitté les rives de Portalban pour accompagner le pêcheur Claude Delley
sur le lac, la semaine dernière. Le premier jour, c'est le mauvais temps et sa grisaille
qui nous attendaient. La pêche ne fut pas miraculeuse. Mais le lendemain, les doux
reflets du soleil inondaient à nouveau les vagues et de nombreux poissons étaient pris
dans les filets. C'est comme ça, le métier de pêcheur. On ne sait jamais ce qu'on va
trouver. "On peut rentrer au port avec deux mille francs de dégâts, cent kilos de
poissons ou rien du tout", affirme Claude Delley. "Mais moi, comme je suis
là-dedans depuis tout petit, je ne vois plus la différence". Un peu comme le couple
qui fête ses 20 ans de mariage...
Départ sur le lac
Jeudi 4 septembre. A 5h30 du matin, on ne voit pas grand chose parmi les cabanes du
port de pêche, à Portalban. Il fait encore nuit. Une fine pluie commence à tomber.
Claude Delley apparaît soudain, en ciré jaune et orange. Il s'affaire près de son
bateau. En sentant la brise, il sait déjà que la pêche ne sera pas une partie de
plaisir. L'hydrojet baptisé "Zouzou" quitte le rivage et suit la trajectoire
indiquée sur le radar, dans la cabine de pilotage. "Sur l'écran, je peux me
repérer en cas de brouillard ou chercher mes filets quand il fait nuit", explique
Claude Delley. On navigue en direction de Gletterens. Le radar est parsemé de petites
taches vert fluo. Ce sont les filets. Arrivé au bon endroit, le pêcheur stabilise le
bateau. A l'aide d'un moulinet, il tire hors de l'eau le piège qui se trouvait à 25
mètres de profondeur. Petit à petit, des poissons gris argenté pris dans les mailles
apparaissent, juste en dessous des vagues. Claude Delley décroche au fur et à mesure les
bondelles, qui finiront de frétiller dans une caisse.
Après avoir reverché trois filets, l'hydrojet repart vers Portalban. La pluie troue
le lac et le vent souffle plus fort, contraignant l'embarcation à longer les rives de
Cudrefin. Le bateau tangue, c'est pire qu'en carrousel. Mais pour le pêcheur, c'est la
routine. "Je suis né avec un lac dans ma poche!" lance-t-il en riant.
"Chez nous, c'est génétique...".
Dur métier que celui de pêcheur
Sur le bateau, deux caisses contiennent des poissons. L'une d'elle est pleine.
La prise est bonne aujourd'hui?
- C'est très moyen. Là, il y a environ 30 kilos de bondelles.
Des goélands planent au-dessus du bateau. "Ils attendent la dîme", dit le
pêcheur. "Le pire, ce sont les cormorans. Ils plongent à 10-12 mètres de
profondeur et font des trous béants dans les filets, qui sont la richesse du
pêcheur".
Combien avez-vous de filets en stock?
- Environ quatre cents. J'ai eu la chance de pouvoir reprendre le matériel de pêche
de mon père. C'est très dur de se lancer dans la profession sans avoir ce capital de
base. Et chaque année, je dois racheter du matériel pour environ 10 à 12000 francs.
Vous allez tous les jours sur le lac?
- Pratiquement. Le samedi, je vais à Neuchâtel, vendre une partie de mon poisson au
marché. Sinon je l'écoule au détail à Portalban ou chez un marchand, à
Estavayer.
Vous pêchez aussi l'hiver?
- Toute l'année. Le poisson, il faut le prendre quand il est là. En hiver, c'est
moins stressant, car on ne va pas aussi tôt sur le lac. Mais il fait plus froid. Vous
savez, le pêcheur est un peu comme une fourmi. Il doit faire des réserves en prévision
des années creuses...
Arrivé au port, Claude Delley transporte ses caisses de poissons dans une chambre
froide, avant de repartir sur le lac, direction Neuchâtel. Entre-temps, Anne-Marie
Delley, sa maman, viendra chercher les bondelles qu'elle transformera en filets. D'autres
seront destinées au fumoir, tout embaumées d'épices.
Après la pluie, le beau temps!
Vendredi 4 septembre. Retour au port des pêcheurs, les intempéries de la veille
n'ayant pas favorisé la prise des photos. Cette fois, on peut assister à un magnifique
lever de soleil. L'horizon prend des teintes bleutées. Sur le bateau, Claude Delley sort
les filets posés du côté de Neuchâtel. La pêche sera aussi belle que le
paysage, avec 20 kilos de perches. De temps en temps, on croise d'autres pêcheurs sur le
lac. Ils échangent quelques paroles sur la météo ou les poissons, avant de s'éloigner.
L'air de rien, ils se surveillent mutuellement, en cas de pépin. Le retour au port est
plus rapide que la veille. Une fois à terre, le pêcheur appelle son épouse Liliane, car
il a besoin de renfort pour "démailler", c'est-à-dire enlever les perches
accrochées dans les filets. "Je ne pourrais pas engager un employé", souligne
Claude Delley. "C'est une petite entreprise qui doit être familiale".
bs
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